Niché au creux d’une falaise, à Herqueville (Manche), le port du Houguet est préservé et confidentiel. Ils sont une dizaine à y stationner leur bateau. Un lieu historique menacé.
Il est niché dans le creux de la falaise. Peu le connaissent, pourtant il est centenaire. Il a même accueilli des stars comme la barque du Vieux Pêcheur, le visage si célèbre des paquets de café du même nom.
Le port du Houguet, situé dans la Hague (Manche), dans la commune déléguée d’Herqueville, fait aujourd’hui l’objet d’un arrêté municipal.
Il est désormais impossible d’y accéder. Comme à Vauville, à quelques kilomètres, des pans de falaises sont tombés après les pluies abondantes de l’hiver. Quelques cabanes ont reçu des projections de terre, et le chemin pour y accéder a totalement disparu.
Mais qu’importe, les onze chanceux à avoir leur bateau stationné dans cette cale espèrent bien continuer à l’utiliser. « Le port existe depuis les années 1900. Alors des éboulements, il y en a eu, il y en aura encore », souffle Maurice Lemarinel. À 92 ans, il a été le président de l’association des usagers du port du Houguet. Il y a encore son bateau.
L’association, c’est elle qui entretient le lieu. Alors après le nouvel éboulement, tous les membres se sont directement remis au travail : les onze usagers qui ont leur bateau dans la cale, aidés par quelques amis ou membres de la famille, ont déblayé les jours suivants. Maurice Lemarinel a refait les marches pour descendre la falaise, aidé par le président de l’association.
Chaque année, ils passent plusieurs jours à entretenir leur petit coin de paradis. « La mer peut endommager les lieux. Nous en avons fait des corvées, et des sacrés repas. Nous en avons des souvenirs au port du Houguet », se remémorent Maurice et sa femme.
Alors, pour eux et pour tous les usagers, il n’est pas question que l’histoire du port du Houguet s’arrête. Non reconnu par le littoral, il a toujours été soutenu par la municipalité. « Quand on a fait la cale en 1975, il y a même eu des subventions du Département« , expliquent les uns et les autres. La municipalité finance, les usagers du port s’attellent aux travaux.
Mais c’est devenu de plus en plus difficile. Avec les éboulements, les services publics veulent ouvrir les parapluies. Cette cale, historique, pourrait être vouée à disparaître. « Tout ce qu’on demande, c’est qu’on nous oublie comme ça a toujours été le cas », souffle Maurice.
Alors, les utilisateurs pourraient poursuivre leur pêche, mais surtout continuer l’histoire atypique de cette cale. De celles qui font la richesse de La Hague et de notre patrimoine. Parce que pour avoir son bateau là, il faut aimer le lieu, rapporte La Presse de la Manche.